Avec « Ulan Bator », groupe de post rock originaire de Paris, nous avons abordé le fer de lance de la vague bruitiste française, avec les critiques des albums « Végétale » et « Ego:Echo ». Aujourd’hui, je vais vous parler d’un album moins expérimental et donc plus facile à lire musicalement avec ce « Rodeo Massacre ».
Ce nouveau voyage auquel nous invite la bande à géométrie variable d’Amaury Cambuzat, surfe toujours sur un rock massif mais avec une orchestration qui alterne entre mélancolie emmiellée et débordements ravageurs négligeant les constructions nébuleuses et tourmentées de leurs débuts.
Dès le premier morceau, la rythmique saccadée sur « Fly, Candy Dragon, Fly! » alterne un stress planant au cri d’angoisse d’un virago.
Puis la voix d’Amaury Cambuzat glisse sur les lourdes guitares distordues de « God:doG » pour nous plonger dans la lourdeur destructrice de la basse de Manuel Fabbro.
Le clip de « Pensées massacre » accompagne nos rêves vers de nouvelles voies.
Tom Passion se laisse écouter entre trois voix, sur une section rythmique pesante de violons mélancoliques.
L’hypnotique « Torture » se laisse savourer avec un plaisir masochiste.
Le déconcertant « La femme cannibale » doit dérouter plus d’un fan de la première heure, entre marche anthropophage et orgie barbare…
« 33 » aux faux airs de Robert Wyatt se laisse exporter avec facilité.
« Instinct » fusionne un enchevêtrement de guitares distordues en écho à d’inquiétante voix sur une basse bien lourde
« Souvenir » ne restera pas toujours en mémoire…
Par rapport aux autres albums, Ulan Bator montre une efficacité laconique et quelque peu diligente, mais toujours au cœur de l’action.
En un mot ou presque, Ulan Bator a changé de voie, même s’il reste en écho le son de la première heure dans ce nouvel ensemble.
D’après moi, « Scandale mélancolique » est peut être le meilleur album de « Hubert Félix Thiéfaine », n’en déplaise à ses fans dont je fais partie depuis la première heure.
Avec ce quatorzième album, 13 titres et quelques 45 minutes, HFT nous balade entre spleen et un certain bonheur, sur des poésies sombres, mélancoliques, poignantes mais aussi intenses, brillantes, magnifiques. Cet album lyrique nous plonge par ses métaphores littéraires et cinématographiques dans la dépression mélancolique du moment de Thiéfaine. Et ce n’est pas la pléiade d’artistes comme Cali, JP Nataf, Elista, Mickey 3D, Raphael ou Mathieu Chedid…que l’on croise sur ce disque qui l’empêche de sombrer dans cette obscurité. La splendide tournée « Scandale Mélancolique Tour » qui a suivi, a eu raison de la santé d’Hubert Félix après quelques 300 concerts en un an…
Pour commencer cet album magnifique :
La sobriété harmonique des banjos et des guitares du nonchalant « Libido moriendi » fait entendre le chant alangui de Thiéfaine sur des textes morbides qui nous entraîne dans un voyage hivernal.
Et puis, « Scandale mélancolique » nous emmène sur un aller simple sans retour vers la folie de la dépression.
L’étonnant duo avec Cali, nous dévoile les secrets qui folâtrent dans les « Gynécées », entre beauté et lumière.
L’immense « Confessions d’un never been », nous plonge dans le mal être du chanteur rocker Thiéfaine pour nous crier « J’ai volé mon âme à un clown, un cloclo mécanique de rock’roll cartoon », superbe orchestration.
Pas de répit avec l’allègre et réjouissant « Le jeu de la folie » qui comme chacun le sait « est un sport de l’extrême qui se pratique souvent au bord des précipices… »
Le sauvagement trash et sexy « Last exit to paradise » avec Angèle David Guillou, chevauche les puissantes guitares rock sur fond de touches électro, épuisant mais ô combien furieux.
On n’oublie tout avec « L’étranger dans la glace », à la mémoire des malades d’alzheimer. Sur un rythme désespérant les violons nous captivent pour trouver les mots justes.
L’érotisme à fleur de peau du magnifique « Les jardins sauvages » nous promène dans un univers de beauté et d’amour que HFT nous fait découvrir.
Le révolté électro-rock « Télégramme 2003 » laisse un peu d’espoir au prisonnier de Vilnius.
La naissance désespérée de la ballade de « Loin des temples en marbre de lune » est finalement habitée par des voix fantomatiques en route pour un dernier voyage ténébreux.
Suite lugubre logique avec « La nuit de la Samain » qui évoque une nuit des morts vivants ou « de généreuses harpies aux aboiements lubriques offrent leur cellulite et leurs nichons blafards ».
Arrive un rock bien vivant, hommage passionné aux parents d’Hubert Félix sur « When Maurice meets Alice », rare.
Pour terminer, l’inénarrable « That angry man on the pier » semble rappeler Hubert Félix Thiéfaine vers la vie.
Pour ce faire un idée plus précise, il vous faut écouter cet album dans lequel HFT exprime sa furieuse mélancolie sur une musique plus vraiment scandaleuse. Laissez vous aller dans les méandres de Thiéfaine, vous toucherez de vos synapses l’ultime chakra, le nirvana : sublime !
Je vous laisse à ses propres « Confessions d’un never been » lors du « Scandale mélancolique tour » (le DVD d’un concert de Thiéfaine qu’il faut avoir et voir si ce n’est écouter) avec Lucas Thiéfaine à la batterie, Yan Pechin à la guitare et bien sur HFT au chant.
Paroles de « Confessions d’un never been » de Thiéfaine :
Les joyeux éboueurs des âmes délabrées Se vautrent dans l’algèbre des mélancolies Traînant leurs métastases de rêve karchérisé Entre les draps poisseux des siècles d’insomnie Ça sent la vieille guenille et l’épicier cafard Dans ce chagrin des glandes qu’on appelle l’Amour Où les noirs funambules du vieux cirque barbare Se pissent dans le froc en riant de leurs tours
J’ai volé mon âme à un clown Un cloclo mécanique du rock’n’roll cartoon J’ai volé mon âme à un clown Un clone au coeur de cône du rêve baby baboon J’ai volé mon âme à un clown
Je rêve d’être flambé au dessus du Vésuve Et me défonce au gaz échappé d’un diesel À la manufacture métaphysique d’effluves Où mes synapses explosent en millions d’étincelles Reflets de flammes en fleurs dans les yeux du cheval Que j’embrasse à Turin pour en faire un complice Ivre de prolixine et d’acide cortical Je dégaine mon walter PPK de service
J’ai volé mon âme à un clown Un cloclo mécanique du rock’n’roll cartoon J’ai volé mon âme à un clown Un clone au cœur de cône du rêve baby baboon J’ai volé mon âme à un clown
Bien vibré, bien relax en un tempo laid back Rasta lunaire baisant la main d’Oméga Queen Je crache dans ma tête les vapeurs d’ammoniaque D’un sturm und drang sans fin, au bout du never-been Fac-similé d’amour et de tranquillisants Dans la clarté chimique de ma nuit carcérale Je suis l’évêque étrusque, un lycanthrope errant Qui patrouille dans le gel obscur de mon mental
J’ai volé mon âme à un clown Un cloclo mécanique du rock’n’roll cartoon J’ai volé mon âme à un clown Un clone au cœur de cône du rêve baby baboon J’ai volé mon âme à un clown.
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