Stéphane Edouard va surprendre du monde avec Pondicergy Airlines, pont musical entre l’Inde de ses origines et sa virtuosité de jazzman surdoué.
Stéphane Edouard est un batteur phénoménal, et cela commence à se savoir dans le monde musical. Après une grande carrière de sideman, il trouve le temps de sortir un album solo en janvier 2021, appelé Pondicergy Airlines. « Deux continents. Deux pays Pondichéry, Cergy, villes de mon enfance. Mon cœur a trouvé la juste mesure. Entre ces deux cultures. Voyagez dans mon univers musical. Bienvenue à bord de Pondicergy Airlines. Attention aux turbulences !«
Originaire du sud de l’Inde, le batteur est né en France dans une famille où la musique est un art que l’on partage. On peut entendre son jeu de percussions absolument unique auprès d’artistes Daby Touré, Sixun, Michel Jonasz, Maurane, Nguyên Lê, Franck McComb, Karim Ziad, Electro Deluxe, Dhafer Youssef, Bojan Z, Julia Sarr, Pierre De Bethmann, Alfio Origlio, Eric Legnini, Christophe Wallemme, Magic Malik, Vincent Peirani, David Linx, Ibrahim Maalouf, Andy Narrell, Gene Lake, Aldo Romano, Antoine Hervé, Louis et François Moutin…
Il se lance enfin en solo, avec des compositions personnelles, qui retrace son parcours, de ses origines indiennes, jusqu’à son enfance à Cergy. A la croisée des chemins entre musique classique, jazz et musiques du monde, Stéphane Edouard nous entraine dans un monde riche et dépaysant, tout au long de l’album, très varié, sur lequel on retrouve une large palette de musiciens. Il a su mettre sa virtuosité au service d’une superbe musique aux multiples facettes : classique, orientale, jazzy, indienne… d’une surprenante modernité. Son jeu inventif, éclectique et cosmopolite s’invite sur les scènes du monde entier et désormais tout au long d’un album aussi maitrisé que personnel.
On peut découvrir le titre phare avec un clip très psychédélique pour Pondicercyg Airlines :
Jade Warrior est un groupe de jazz-rock-progressif britannique précurseur de l’Ambient et de la World-Music formé en 1970 par Jon Field, Tony Duhig et Glyn Havard.
Plusieurs de leurs albums comme Last Autumn’s Dream, Floating World et Waves sortis au début des années 70, sont des chefs-d’œuvre absolus du genre, les 33t vinyles originaux sont désormais collectors et très recherchés.
Jade Warrior en bref
Le groupe est formé sur les cendres d’une formation nommée July, son line-up d’origine est constitué de Tony Duhig (guitare), Jon Field (flûte, percussions, claviers) et Glyn Havard (chant, basse)
Jon Field et Tony Duhig se sont rencontrés au début des années 1960 alors qu’ils travaillaient tout deux comme caristes dans une usine. Ils découvrent leur intérêt commun pour la musique, en particulier le jazz, la musique africaine mais aussi japonaise (culture que l’on retrouvera sur les pochettes d’albums de Jade Warrior). Après avoir fait l’acquisition d’un magnétophone quatre pistes ils commencent à jouer et à expérimenter des overdubs multicouches, processus qui, selon Jon Field, évoque « la construction d’une cathédrale avec des matériaux hétéroclites ordinaires« . Il s’avère que ceci constituera un fil conducteur dans la musique de Jade Warrior tout au long de sa carrière.
En 1965, les deux hommes accompagnés du chanteur Patrick Lyons forment un groupe de Rhythm & Blues appelé Second Thoughts qui publie un EP quatre titres. Parallèlement, Tom Newman (qui deviendra plus tard l’ingénieur du son sur Tubular Bells de Mike Oldfield), Alan James, Pete Cook et Chris Jackson montent le groupe The Tomcats.
La même années les deux formations splittent et certains de leurs membres fondent July jusqu’en 1968. Puis ils créent Jade Warrior qui selon un communiqué de presse de Red Hot Records est un terme japonais désignant un guerrier samouraï, poète et érudit.
En 1970, Jade Warrior signe chez Vertigo par l’entremise de leur ancien camarade Patrick Lyons devenu producteur et recruteur pour ce label. Leur premier album éponyme qui sort en 1971 révèle leur son caractéristique contrasté incluant des flûtes et des percussions multicouches de Field rivalisant avec la guitare tranchante de Duhig.
La même année sort Released, avec Allan Price à la batterie et Dave Conners au saxophone, sur lequel le groupe affine son côté rock notamment avec le jam de quinze minutes intitulé « Barazinbar » (un peu dans l’esprit de Sweet Smoke).
Last Autumn’s Dream est publié en 1972. C’est un album plus instrumental avec des morceaux mystérieux et introspectifs comme « Dark River », « Obedience », « Borne on the Solar Wind », des titres plus mélodiques comme « A Winter’s Tale » et « May Queen » mais aussi très rock comme « Snake », « The Demon Trucker », « Joanne ». Selon le critique Dave Thompson « si vous découvrez Jade Warrior, sachez que Last Autumn’s Dream est certainement l’album indispensable dans votre discothèque« . Malgré ces éloges, personnellement ce n’est pas mon préféré…
Globalement les trois premiers albums de Jade Warrior ont vu le groupe créer et perfectionner un style novateur, qui d’après la biographie de Dave Platt et Charles Wilkinson « puisait ses racines dans la musique rock… avec une saveur de Jethro Tull et des mélanges significatifs de ce qui s’apparente déjà à la World-Musique« .
À cette époque Jade Warrior part en tournée aux États-Unis comme avant-groupe de Dave Mason, Long John Baldry et Earth Quake puis partage l’affiche avec un REO Speedwagon. Le groupe a été filmé en live au Marquee Club de Londres dans le cadre d’un showcase aux côtés de Rod Stewart et Long John Baldry.
Malgré un grand nombre de morceaux enregistrés en 1973 largement suffisants pour deux autres albums, le label Vertigo décide de ne pas les publier et annule le contrat de Jade Warrior. Cette décision a été en partie influencée par le fait que le groupe avait déjà quitté son management. C’est à peu près à cette époque, après une tournée avortée aux Pays-Bas, que le groupe se sépare et que Glyn, Dave Duhig et Allan Price envisagent de monter leur propre groupe alors que Tony et Jon se retirent pour écrire.
En 1974, Steve Winwood (Traffic) incite Chris Blackwell d’Island Records à écouter Jade Warrior ce qu’il fait et décide immédiatement de les signer. Il propose aussi à Field de jouer de la flûte sur le célèbre « Tubular Bells » de Mike Oldfield.
Duhig et Field sortent quatre albums sur ce label, avec un son plus élaboré incluant des chœurs, de la harpe et un quatuor à cordes avec des invités comme Steve Winwood aux claviers, Fred Frith de Henry Cow au violon et la participation de Dave Duhig.
Floating World qui sort en 1974, est un concept-album complexe dont le thème est la philosophie japonaise de l’Ukiyo, avec des chansons qui tournent autour de deux séries de compositions entrelacées et reliées entre elles. C’est une diversité des sons et d’ambiances, un choc constant entre les styles orientaux et occidentaux et les atmosphères scintillantes. Tout ceci en fait un chef-d’œuvre indéniable avec l’incursion du groupe dans ce qui sera plus tard étiqueté comme de la World-Music et de l’Ambient. Brian Eno lui-même considère Floating World comme un « album important« .
Il est suivi de Waves en 1975 dont la pochette est une célèbre estampe japonaise du XIXème siècle du peintre Hokusaï nommée « La Vague » (c’est l’album par lequel j’ai personnellement découvert Jade Warrior), un autre concept-album, écologiste cette fois, consacré à « La dernière baleine » et dans lequel Steve Winwood est une fois de plus invité au piano et au moog. Cet opus est constitué d’une seule composition, divisée en deux parties (chacune occupant une face de 33t).
Kites (Les Cerfs-volants) de 1976 qui a été enregistré avec des guests, dont Fred Frith, est probablement le plus abstrait et progressif du groupe, chaque face étant essentiellement une longue pièce conceptuelle, inspirée par le tableau « The Kingdom of the Air » du peintre Paul Klee et par le Maître Zen chinois du IXème siècle Teh Ch’eng .
Le dernier des quatre albums publiés pas Island est Way of the Sun, en 1978. Il représente un voyage sonore spatial et très cinématographique en Amérique latine. AllMusic le décrit comme un « ensemble incroyablement vibrant qui frémit d’émotion et de vie« . Ses percussions ne sont pas sans rappeler Santana.
Ce n’est que six ans plus tard, en 1984, que Jade Warrior sort un nouvel album intitulé Horizen chez Pulse Records. C’est un projet très personnel de Tony Duhig qui l’a entièrement composé tandis que Field n’a joué que sur quelques morceaux.
En 1989, At Peace qui se rapproche de la musique Ambient et même New-Age est publié sur le label Earthsounds. Cet album, enregistré dans le studio de Tony Duhig en quatre jours seulement et interprété uniquement par le duo.
Après une autre longue interruption, Jade Warrior se lance dans un nouveau projet avec un line-up différent, Colin Henson à la guitare et Dave Sturt à la basse fretless. Malheureusement, la disparition soudaine de Tony Duhig en 1990, avant qu’il ne puisse contribuer à l’élaboration de l’album, est un coup dur pour le groupe qui décide malgré tout de poursuivre l’enregistrement de Breathing the Storm qui sort en 1992 sur Red Hot Records.
Le trio publie par la suite, Distant Echoes, en 1993, avec des invités comme le saxophoniste de Gong Theo Travis, le violoniste de King Crimson David Cross et le producteur-musicien Tom Newman (Hatfield & the North, Mike Oldfield).
En 2000 Glyn Havard et Allan Price se joignent à David Duhig dans un groupe nommé Dogstar Poets qui publie Off-Planet deux ans plus tard.
À l’été 2005, Havard rejoint officiellement Jade Warrior qui redevient un quatuor aux côtés de Field, Sturt et Henson. Mais après à peine un an d’existence, Colin Henson quitte le groupe invoquant de graves différences créatives avec les autres membres du groupe.
En juin 2008, Jade Warrior redevenu un trio sort son quatorzième album studio NOW sur le label Repertoire. Il s’agit d’une œuvre de haut niveau, dotée d’une dynamique cinématographique, d’une instrumentation réfléchie enrichie par le recrutement stratégique et astucieux d’un certain nombre de musiciens invités. Selon les spécialistes c’est la réalisation la plus mature et la plus profondément humaine que Jade Warrior ait jamais produite, « un album super cool, très bien produit et bien exécuté dont Tony Duhig serait certainement très fier » selon Amazon review.
Il semblerait qu’en 2010 Jade Warrior travaillait sur un album instrumental qui devait s’appeler Haiku mais il n’est pas encore sorti dix ans plus tard…
Membres de Jade Warrior
Jon Field – flûte, percussions, claviers
Glyn Havard – chant, basse
Dave Sturt – basse fretless
Anciens membres
Tony Duhig – guitare
Colin Henson – guitare
Discographie de Jade Warrior
1971 – Jade Warrior
1971 – Released
1972 – Last Autumn’s Dream
1974 – Floating World
1975 – Waves
1976 – Kites
1978 – Way of the Sun
1979 – Reflections (compilation des années Vertigo avec quelques inédits)
1984 – Horizen
1989 – At Peace
1992 – Breathing The Storm
1993 – Distant Echoes
1995 – Elements: An Island Anthology
1998 – Eclipse
1998 – Fifth Element
2006 – Floating World, Waves, Kites, Way Of The Sun
2008 – NOW
Je dédie cet article le cœur déchiré à ma petite-fille Jade (24/10/2020 – 27/10/2020). Notre « petite guerrière » s’est bien battue avant de tirer sa révérence en confiant sa sœur jumelle à notre affection.
Jean-Luc
Admin Mazik
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