2008 : Alain Bashung > Je t’ai manqué sur l’album Bleu Pétrole

2008 : Alain Bashung > Je t’ai manqué sur l'album Bleu PétroleJe t’ai manqué… Dernière ballade poétique tourmentée pour Alain Bashung qui nous passe en revue ses désirs et ses regrets avec une sombre humanité mais irisés par de brillants reflets. Chant du cygne d’un poète disparu, étoile filante au cœur de la nuit d’un « Bleu pétrole ».

Douzième album studio d’Alain Bashung qui connait déjà son avenir proche. Des artistes divers et variés veulent lui offrir des chansons, mais il veut seulement chanter un dernier album pour le plaisir, chanter les autres pour laisser courir une dernière tournée, comme un clip de fin.

Au travers des grands espaces folks de la guitare acoustique, Bashung nous interprète magistralement des chansons aux arrangements épurés par Gaëtan Roussel (guitares, ukulélé) et Mark Plati (basse, guitare, claviers, boîte à rythmes). Bashung se laisse porter par la musique et les paroles de Roussel en grande partie, de Gérard Manset et Joseph D’Anvers, ainsi que de Arman Méliès (guitare électrique, banjo), Marc Ribot (guitare électrique, banjo) et Simon Edwards (de Talk Talk ; basse),…

Bashung nous ouvre cet album avec un country folk de toute beauté sur « Je t’ai manqué » à la ligne mélodique variée entre ukulélé, guitare électrique et acoustique et bien sûr cette voix au timbre si particulier.

Puis le prémonitoire et intense « Résidents de la République » nous chante « Un jour je parlerai moins, jusqu’au jour où je ne parlerai plus… ». Cette chanson interprétée par Alain Bashung aux Victoires de la musique en 2009, à seulement quelques semaines de sa mort, était le dernier baroud d’honneur à la lumière d’un homme qui n’était plus que l’ombre de lui même.

Le chimérique « Tant de nuits » aux milles et un « mon ange je t’ai haï » songe inspiré.

Le grandiose électro folk « Hier à Sousse », aux merveilleux arrangements est tissé d’un enchevêtrement de cordes sur laquelle la voix de Bashung tresse des réitérations pour nous plonger dans l’abîme.

Le chant récité de « Vénus » et son instrumentation minimaliste nous transporte sur des textes glaçants aux couleurs azur.

L’atmosphérique sommet de l’album « Comme un lego » façonné par Manset et enregistré en une prise par Bashung. Cette chanson lyrique nous transporte dans un rêve méditatif et sur laquelle la voix de Bashung pleure les affres de la condition humaine sur une instrumentation dépouillée.

Les paroles de « Sur un trapèze » résonnent funestement pour ce titre qui passera en radio posthume.

Un peu de violence musicale et verbale avec « Je tuerai la pianiste » pour nous abattre une chanson rocambolesque, sinistre et placide.

Avec la ballade doucereuse « Suzanne », reprise de Leonard Cohen dans sa version française de Graeme Allwright, Alain Bashung nous dépoussière avec son balancement contre basse-batterie cette vieille dame au charme apaisant.

J’ai des doutes sur « Le secret des banquises » qui est une chanson difficile à cerner sur les cloches célestes.

Pour terminer, Alain Bashung nous offre son épitaphe avec la funeste reprise de Gérard Manset (75) « Il voyage en solitaire » qui nous secoue dans un dernier spasme d’une douceur extrême.

Si pour moi, « Bleu Pétrole » n’est pas le chef d’oeuvre maintes fois écrit par une presse non initiée et qui voulait simplement honorer sa mémoire, cela reste un bon album de Bashung. En effet, l’apparente simplicité de certains morceaux est magnifiquement ciselé par ce funeste orfèvre à la voix sinistrement mélancolique.

Merci Bashung, pour tout ce que tu/nous as fait vivre.

Je vous laisse à la mythique dernière tournée à laquelle je n’ai pas voulu assister par respect pour mon chanteur héros, même si Yan Pechin était bien évidemment de la partie.

Paroles de « Je t’ai manqué » d’Alain Bashung

Je t’ai manqué ?
Pourquoi tu me visais ?

Tous nos échanges
Coulaient de source
Tous nos mélanges
Côtés en bourse

Tout est brutal
Botté en touche
Tout а l’horizontal
Nos envies, nos amours, nos héros

Je t’ai manqué ?
Pourquoi tu me visais ?

Tout est extrême
Limites et cônes glacés
Tout est idem
Les vitrines, les pôles opposés

Dans les étoiles
Ou sous la douche
Tout а l’horizontal
Nos envies, nos amours, nos héros…

Je t’ai manqué ?
Pourquoi tu me visais ?

Et si l’on disait le contraire
Ou si l’on ne disait rien
Si l’on construisait les phrases а l’envers
Ou si l’on soulevait demain

Qui serait l’adversaire ?
Entre nous qui serait le plus malin ?
Et si l’on disait le contraire
Ou si l’on ne disait plus rien ?

Je t’ai manqué ?
Pourquoi tu me visais ?

Tout est brutal
Botté en touche
Tout а l’horizontal
Nos envies, nos amours nos héros

Si l’on suivait les voies ferroviaires
Qui aurait le pied marin ?
Si l’on sifflait les fonds de théière
Ou si l’on ne sifflait plus !
Qui serait l’adversaire ?

Entre nous qui serait le plus malin
Et si l’on disait le contraire
Ou si l’on ne se disait plus rien ?

Je t’ai manqué ?
Pourquoi tu me visais ?
Je t’ai manqué

Vous avez aimé, écoutez Hier à Sousse

Comme un lego

Selon le classement des albums de rock Français par Rolling Stones Magazine, Bashung se place aux premières loges :

1er : Osez Joséphine
9ème : Fantaisie Militaire (qui est le premier pour moi)
16ème : Live Tour 85
19ème : Pizza
40ème : Chatterton
46ème : Bleu Pétrole
Manque « L’imprudence » que l’on pourrait placer entre 10 et 15…

Discographie d’Alain Bashung

1977 : Roman photos
1979 : Roulette Russe
1981 : Pizza
1982 : Play blessures
1983 : Figure imposée
1986 : Passé le Rio Grande
1989 : Novice
1991 : Osez Joséphine
1994 : Chatterton
1998 : Fantaisie militaire
2002 : L’Imprudence
2008 : Bleu pétrole

Albums en public

1985 : Live Tour 85
1992 : Tour novice
1995 : Confessions publiques
2004 : La Tournée des grands espaces
2009 : Dimanches à l’Élysée

Album posthume

2011 : L’homme à la tête de chou d’après Gainsbourg

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2007 : Ultra Orange & Emmanuelle > Don’t Kiss Me Goodbye

2007 : Ultra Orange & Emmanuelle > Don't Kiss Me GoodbyeEcoutez cette merveille, si vous avez aimé (ou pas) l’éphémère « The Velvet Underground and Nico », parce que vous aimerez le non moins éphémère « Ultra Orange & Emmanuelle ». Le magnétisme lancinant qui se dégage des mélodies exaltées par leur amour du Velvet, nous invite à une addiction acoustique intense.

Quoi, encore une actrice qui chante du rock ? Oui mais attention pas n’importe quel rock ! On sent de suite que la voix innocente et parfois approximative de Sœur Emmanuelle nous emmène vers un garage rock à la fraîcheur troublante. Avec cet album rock typique des mythiques sixteen, vous allez remonter le temps pour le plus grand bonheur de vos oreilles et de ce qui se trouve entre. Un vrai disque de rock sans intervention commerciale des majors.

En ouvrant avec le single « Sing Sing » tourné en noir et blanc, on se jette d’emblée dans les mélodies grisantes et fascinantes des années 60, nourries par une rythmique intermédiaire.

Laissez vous troubler par les langueurs de « Simple words ».

Arrive le sublime et maussade « Rosemary’s Lullaby » à la guitare Pulp Fiction qui reprend l’air du film Rosemary’s Baby de Polanski.

Un beau petit rock rapide avec « Bunny » qui nous ballade dans les grands espaces américains.

Le nonchalant « Lines Of My Hand » nous invite à la paresse sur fond d’insouciance.

On accélère avec « Touch My Shadow » aux riffs à la Lou Reed qui laisse la voix d’Emmanuelle s’épanouir à la manière de BB.

Le mélancolique « Don’t Kiss Me Goodbye » nous ramène dans le vague à l’âme du film Le Scaphandre et le papillon entre mélodie Stones et guitares à la Bowie.

Retour à la dynamique des sixteen avec « Won’t Lovers Revolt Now » au riffs très velvet et sur laquelle Emmanuelle semble véritablement s’éclater comme Bardot sur Comic Strip.

Le nostalgique « Nobody Knows » nous teinte de vapeurs mélancoliques.

J’aime ce son 60 à l’ambiance si particulière et à la relance si évidente avec « The Good From The Bad », très bon rock limite Stones.

Laissez vous porter par le langoureux et sentimental « One Day »

On termine avec « Fairy Tale » qui nous donne envie de laisser aller à remettre le disque depuis le début.

Si Nico était une mannequin, actrice et chanteuse allemande dont la voix grave et spectrale a accompagné le Velvet, puis différents disques dont elle a été la compositrice ; Emmanuelle Seigner est une mannequin, actrice et chanteuse française dont la voix fraiche et innocente a accompagné Ultra Orange sur cet album ou elle souffle le chaud et le froid sur un ton divinement rétro.

Mais qui est « Ultra Orange » ?

Ce groupe de rock français fondé en 93, possède une formation à géométrie variable autour de son chanteur et compositeur, Pierre Émery accompagné par Gil Lesage qui nous baigne de larsen avec sa guitare à deux cordes aux sonorités distordues par les effets.

Au départ c’est une formation expérimentale avec un DJ et trois guitares électriques qui enregistre les rythmiques sur vinyle pour les confier au DJ. En 96, le premier album « Peep Show 3000 » est produit par Yarol Poupaud.

En 2001, le groupe réintègre une batterie pour leur album Snow White puis Seven Lonely Girls en 2002. En 2006, la rencontre avec Emmanuelle Seigner accouche d’une collaboration donnant naissance à Ultra Orange & Emmanuelle en 2007.

Discographie d’Ultra Orange

1996 : Peep show 3000
2001 : Snow White
2003 : Seven lonely girls
2007 : Ultra Orange & Emmanuelle

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