Le retour d’Ulan Bator sur notre site avec cet album « Tohu Bohu » qui flirte sur une noise pour nous délivrer à nouveau un rock âpre et sur lequel une basse omniprésente fait écho à une batterie lourde pour laisser s’ouvrir de divines disharmonies de guitare.
Ce charivari de sons construits est la marque de fabrique d’Ulan Bator et de son chanteur guitariste Amaury Cambuzat accompagné par James Johnston à l’orgue (ex PJ Harvey, Nick Cave & the bad seeds, Gallon Drunk, Lydia Lunch), Stéphane Pigneul à la basse (ex Oiseaux-Tempête, Object) et Alessio Gioffredi à la batterie (ex Dilatazione)
Dès l’ouverture de « Newgame.com » on sait que le rock noisy est de retour avec des guitares saturées et un changement de rythme notable dans cette composition.
Sur l’inquiétant « Speakerine » la splendeur des ruptures est comme une chorégraphie désenchantée.
La basse de « Regicide » nous promène sur des trompettes tibétaines avant que les paroles de Cambuzat nous chante sur des cris de guitare rythmés par un tambour.
Les arpèges diaphanes de la guitare s’entrelacent avec les accords mineurs de l’orgue sur l’intermède « R1336a1 ».
C’est reparti pour un rock déchiré sur « Missy & the saviour » aux saveurs de Noir Désir.
L’énigmatique rock cosmique d’ « AT » me laisse un goût d’Accident de Travail.
La guitare de « Mister Perfect » chante ses émotions acoustiques à tambourine girl.
Une messe de dingo avec « Ding dingue dong ».
Avec le remue-méninge de « Tohu-bohu », on allume sa propre folie intérieure dans un désordre agité par le free saxe de Terry Edwards.
On termine avec une étonnante berceuse « Donne » qui contraste fortement avec le morceau précédent.
Avec ce « Tohu-bohu », les turbulences d’ « Ulan Bator » nous emmènent vers des climats perturbés par de fortes tensions jusqu’à la rupture d’un éclair de belle froideur.
Laissez la speakerine vous susurrer les infos avant de vous laisser aller plus loin avec :
Avec ce troisième album « 1983 », année de naissance de Sophie Hunger, la suissesse dont je vous avais parlé avec « Monday’s ghost » (2009), se joue de sa vie et de la nôtre…
En effet, la couverture de l’album nous montre Sophie mimant de ses mains deux pistolets, un sur sa tempe et l’autre nous braquant. Cette photo inspirée d’un autoportrait de l’artiste autrichienne Maria Lassnig, veut en quelque sorte nous prendre en otage le temps de 14 titres.
C’est parti pour « Leave me with the monkeys » qui nous invite immédiatement à décoller a cappella avant de rythmer notre cœur pour se laisser porter par des harmonies vocales soul. Superbe.
Avec le refrain tournoyant de « Lovesong to everyone », l’ambiance claire obscure de Sophie se durcit tout en finesse. Splendide.
Arrive le titre éponyme de l’album « 1983 », comme une perle de pop rythmée au tambour sur un riff d’une harpe ! Cette chanson en allemand redonne les lettres de noblesse de la langue de Goethe avec «Alles muss weg, alles muss sterben, es ist nicht zu spät, heute zu geboren» ou « Tout doit partir, tout doit mourir, il n’est pas trop tard pour naître aujourd’hui ».
Puis la touchante ballade « Headlights » sur l’aveuglement de l’amour, laisse un piano s’évaporer dans un nuage électro rompu par une caisse claire.
Les délicats arrangements de « Citylights forever » accompagnent les subtiles montées de ce morceau, comme un hommage à Radiohead.
L’ éclatante mise en scène rock de « Your personal religion » explose rapidement avant de s’éteindre pour se rallumer. Sophie règle ses comptes avec l’individualisme synonyme de spiritualité au rabais, épinglant au passage les symboles du mode de vie occidental.
Le seul titre en français et que vous connaissez déjà « Le vent nous portera » de Noir Désir. Cette reprise minimaliste toute en retenue laisse les émotions s’épanouir sur ce magnifique texte.
Je laisse mon esprit divaguer sur la magnifique ballade « Travelogue » aux accents de « A Protest Song » du précédent album.
Le piano ouvre la pop pétillante de « Breaking the waves », plaisir d’une voix enjouée.
Le dialecte suisse-allemand lui va si bien avec la mélancolique « D’Red » qui nous noie dans le chagrin comme un glaçon dans un dernier verre de whisky.
Le rythmé « Approximately gone » comme un titre de Camille en plus rock.
Dans « Invisible », Sophie se joue des bases du R’n’B.
« Broken English » ou comment juxtaposer piano et harmonica sur un rythme enroué.
On termine sur « Train people » au tempo d’une douceur extrême qui clôt le parcours de ce train dont personne ne peut descendre.
Si la première partie de l’album est plutôt rock avec un trio guitare, basse, batterie, la seconde partie est plutôt dévolue au piano accompagné par d’excellents musiciens. Mais la force de Sophie Hunger est d’imposer son style en mélangeant le blues, le jazz, le folk et le rock pour nous chanter en anglais ou en Allemand de sa voix en clair-obscur des textes engagés contre les dérives de notre société individualiste.
Laissez vous emporter par « Le vent nous portera » de Noir Désir et interprété par Sophie Hunger.
Je n’ ai pas peur de la route Faudra voir, faut qu’on y goûte Des méandres au creux des reins Et tout ira bien (là) Le vent nous portera Ton message à la Grande Ourse Et la trajectoire de la course Un instantané de velours Même s’il ne sert à rien (va) Le vent l’emportera Tout disparaîtra mais Le vent nous portera La caresse et la mitraille Et Cette plaie qui nous tiraille Le palais des autres jours D’hier et demain Le vent les portera Génétique en bandoulière Des chromosomes dans l’atmosphère Des taxis pour les galaxies Et mon tapis volant dis ? Le vent l’emportera Tout disparaîtra mais Le vent nous portera Ce parfum de nos années mortes Ce qui peut frapper à ta porte Infinité de destins On en pose un et quest-ce qu’on en retient ? Le vent l’emportera Pendant que la marée monte Et Que chacun refait ses comptes J’emmène au creux de mon ombre Des poussières de toi Le vent les portera Tout disparaîtra mais Le vent nous portera
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