Big Dave & The Dutchmen : un premier album brûlant de blues

Big Dave & The Dutchmen

Un vent de Chicago blues souffle depuis les Plats Pays

Le 11 avril 2025 marque la sortie mondiale du tout premier album éponyme de Big Dave & The Dutchmen, une formation belgo-néerlandaise qui insuffle une nouvelle vie au blues des années 50. Porté par le charismatique Big Dave Reniers, ce projet s’annonce comme l’un des plus authentiques et puissants hommages au Chicago blues, tout en s’inscrivant dans une modernité vibrante.

Big Dave & The Dutchmen : Une formation de haut vol

Fondé en 2023, le groupe réunit des musiciens incontournables de la scène roots néerlandaise :

    • Mischa den Haring (T-99, Chung Kings) à la guitare

    • Roel Spanjers (Luther Allison, Smokey Wilson) aux claviers

    • Dusty et Darryl Ciggaar (The Rhythm Chiefs, Dry Riverbed Trio) à la basse et à la batterie

Avec Big Dave Reniers (Electric Kings, Dizzy Dave Band) au chant et à l’harmonica, la formation rayonne d’une cohésion remarquable et d’un groove irrésistible.

Un disque envoûtant enregistré en deux jours

Enregistré à Anvers au Rabbit Field Studio avec Stef Kamil Carlens (Zita Swoon, Moondog Jr.), l’album a été capturé en seulement deux jours. Le résultat ? Un disque qui respire l’authenticité, riche en shuffle fumants, boogies endiablés, mais aussi en ballades émouvantes et atmosphères gospel.

Big Dave & The Dutchmen

Tracklist de l’album Big Dave & The Dutchmen

01 – Never Love Again
02 – I Dig You Baby
03 – Screwdriver
04 – Daring Haring
05 – Trouble of the World
06 – Lonesome
07 – So Sweet
08 – This Work
09 – Never Love Again (Upbeat)
10 – When You Go to Sleep
11 – Blues Jumps In

Parmi les temps forts, « Never Love Again » ouvre l’album dans une ambiance feutrée à la Tom Waits, tandis que « Daring Haring » expose le jeu flamboyant de Mischa den Haring. La réinterprétation du gospel « Trouble of the World » apporte une dimension spirituelle et intemporelle à l’ensemble.

Une œuvre ancrée dans la tradition, mais loin d’être poussiéreuse

Loin de copier ses influences, Big Dave & The Dutchmen rendent un véritable hommage vivant au blues. L’album alterne entre énergie brute et émotion pure, toujours avec une touche contemporaine. Le son est chaud, analogique, vibrant — comme un concert dans un club enfumé de Chicago, mais en 2025.

Disponible sur vinyle 180 g, CD et en version numérique sur Spotify, Deezer, Apple Music, Qobuz, YouTube Music, cet album séduira aussi bien les puristes du blues que les amateurs de musiques roots en quête de sincérité.

Conclusion

Avec ce premier album, Big Dave & The Dutchmen s’imposent d’emblée comme une référence incontournable du blues européen contemporain. Une sortie à ne pas manquer pour tout amateur de groove vintage, de souffle d’harmonica et de feeling à fleur de peau.

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Gryphon : la fusion médiévale-progressive qui défie le temps

Au cœur du foisonnement musical des années 70, certains groupes ont exploré des territoires insoupçonnés, où le rock progressif flirtait avec des traditions anciennes. Parmi eux, Gryphon s’impose comme une formation unique en son genre. Fondé en 1972 par Richard Harvey (claviers, flûtes à bec, cromorne) et Brian Gulland (basson, cromorne), le groupe britannique conjugue instrumentation médiévale, rigueur classique et audace rock pour créer un univers sonore singulier, à la frontière du temps.

Gryphon

Un parcours hors-norme, entre folk, rock et musique ancienne

Issus du Royal College of Music, Harvey et Gulland partagent une passion pour les sonorités anciennes. Très vite rejoints par Graeme Taylor à la guitare, David Oberlé à la batterie et plus tard par Philip Nestor à la basse, ils bâtissent un projet original où se rencontrent flûtes médiévales, percussions baroques, guitare électrique et envolées progressives. Leur premier album Gryphon (1973) s’oriente vers une folk acoustique raffinée, déjà enrichie d’instruments anciens comme le cromorne ou le basson, rarement entendus dans le rock.

Red Queen to Gryphon Three : l’apogée instrumentale

Sorti en 1974, Red Queen to Gryphon Three marque un tournant décisif dans la carrière du groupe. Conceptuel et entièrement instrumental, l’album s’inspire du jeu d’échecs pour construire une suite symphonique en quatre mouvements. Chaque titre illustre une étape d’un duel stratégique, métaphore d’un combat musical entre rigueur classique et exubérance rock. À l’orgue, Ernest Hart vient enrichir la palette sonore tandis que Peter Redding (contrebasse) renforce les fondations acoustiques.

Avec ses structures complexes, ses changements de signature rythmique et ses harmonies inusitées, l’album évoque tour à tour Jethro Tull, Gentle Giant ou King Crimson, tout en affirmant une identité propre. Les morceaux s’enchaînent comme une fresque médiévale psychédélique, alternant mélodies pastorales et envolées épiques.

Red Queen to Gryphon Three – Analyse piste par piste

Ce disque-concept repose sur une métaphore filée autour du jeu d’échecs, chaque morceau représentant une phase de la confrontation entre deux reines. Le tout sans paroles, mais avec une richesse orchestrale qui raconte tout, note après note.

1. Opening Move

Dès les premières secondes, le ton est donné : des motifs médiévaux aux flûtes à bec et cromornes s’imbriquent dans une structure rythmique progressive. L’entrée du clavecin et des claviers crée un contraste saisissant entre tradition et modernité. Les thèmes s’enchevêtrent, les dynamiques évoluent comme sur un échiquier. La guitare électrique de Graeme Taylor reste subtile, encadrée par les interventions élégantes du basson de Brian Gulland. C’est un début en fanfare, qui esquisse les tensions à venir.

Ambiance : une ouverture stratégique et théâtrale, entre vigilance et provocation.

2. Second Spasm

Ici, le groupe montre sa maîtrise des ruptures de ton. Un thème presque dansant, presque folk, se transforme peu à peu en une bataille rythmique complexe. La basse de Philip Nestor ancre les variations tandis que les timbales de David Oberlé renforcent la tension dramatique. On perçoit par moments une énergie plus rock, mais toujours contenue dans une esthétique de musique savante.

Un morceau plus nerveux, comme une série de manœuvres rapides sur le plateau d’échecs.

3. Lament

La pièce la plus mélancolique de l’album, comme son nom l’indique. Les instruments anciens dominent : flûte à bec, cromorne et basson se répondent avec une grâce funèbre. Le tempo ralentit, les harmonies s’assombrissent. On imagine une reine blessée ou un pion sacrifié, sur un échiquier déserté. La guitare acoustique ajoute une touche de délicatesse tragique, comme un adieu discret.

C’est la respiration émotionnelle du disque, un moment suspendu d’une grande beauté.

4. Checkmate

Le final reprend certains motifs précédents pour les tordre, les intensifier, les transformer. L’orgue d’Ernest Hart donne de l’ampleur à cette montée dramatique, renforcée par les percussions et la basse acoustique de Peter Redding. L’ensemble se fait de plus en plus intense, jusqu’à un climax éblouissant, digne d’un combat final en slow motion. La tension rythmique atteint son paroxysme, les instruments dialoguent dans un ballet maîtrisé.

Une conclusion majestueuse, comme un mat donné avec élégance et panache.

Notre avis sur cet album de Gryphon

Red Queen to Gryphon Three n’est pas qu’un album, c’est un voyage sans paroles, guidé par l’instrumentation et une narration purement musicale. Chaque piste raconte un moment de cette partie d’échecs fictive, oscillant entre tension, réflexion et bravoure. Avec cet opus, Gryphon atteint un sommet de virtuosité dans la fusion entre musique ancienne et rock progressif.

Une esthétique avant-gardiste, une reconnaissance tardive

Malgré un accueil critique favorable et une tournée en première partie de Yes, Gryphon ne rencontrera jamais un large succès commercial. Le groupe poursuivra cependant son exploration avec Raindance (1975) et Treason (1977), avant de se séparer à la fin des années 70.

Redécouverts par les amateurs de prog et les curieux de folk expérimental, les membres historiques de Gryphon se retrouvent en 2009, entamant une seconde vie scénique ponctuée de nouvelles créations. L’album ReInvention (2018) témoigne de leur persévérance créative, avec un son toujours aussi inclassable.

Gryphon aujourd’hui : l’héritage d’une singularité

À une époque où la fusion des genres est devenue monnaie courante, Gryphon fait figure de pionnier. Leur capacité à conjuguer écriture classique, improvisation rock et influences médiévales reste un cas d’école dans l’histoire du rock progressif. Red Queen to Gryphon Three demeure une œuvre-phare, souvent citée comme l’un des albums instrumentaux les plus ambitieux des seventies.

Gryphon

Membres actuels de Gryphon

Brian Gulland : basson, cromorne, claviers, chant
Graeme Taylor : guitare acoustique et électrique, chant
Dave Oberlé : batterie, percussions, chant
Clare Taylor : violon, chant
Rob Levy : basse
Andy Findon : flûtes, saxophone, clarinette

Anciens membres notables

Richard Harvey : claviers, flûtes à bec, cromorne, clavecin
Philip Nestor : basse
Malcolm Bennett (aussi connu sous Markovich) : flûtes, basse
Jonathan Davie : basse
Bob Foster : guitare
Alex Baird : batterie
Graham Preskett : violon, claviers
Keith Thompson : batterie
Rory McFarlane : basse

Discographie de Gryphon

Albums studio
1973 – Gryphon
1974 – Midnight Mushrumps
1974 – Red Queen to Gryphon Three
1975 – Raindance
1977 – Treason
2018 – ReInvention
2020 – Get Out of My Father’s Car!

Singles
1977 – Spring Song / The Fall of the Leaf

Compilations et autres parutions
1991 – The Collection
1995 – The Collection II
2002 – About as Curious as It Can Be
2003 – Glastonbury Carol
2004 – Crossing the Styles: The Transatlantic Anthology
2018 – Raindances: The Transatlantic Years Recordings (1973–1975)

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