La dernière avec « Stratégie de l’inespoir » du poète chanteur Hubert-Félix Thiéfaine à 66 ans et dont je vous ai déjà présenté 7 albums. Sa carrière exceptionnelle et anticonformiste de par son écriture liée aux poètes et son comportement anti commercial a été sublimée par son style musical aux influences multiples.
Avec Stratégie de l’inespoir c’est le dix-septième et dernier album studio à ce jour d’HFT, coproduit entre autre par son fils Lucas qui joue sur quasiment tout l’album de la guitare, un peu de claviers et des percussions. La plupart des compositions sont de ses musiciens Yan Péchin (Angelus- tirée de son « fameux » album inédit Itinéraire d’un naufragé), Arman Méliès (Fenêtre Sur Désert, Résilience Zéro), JP Nataf (Amour Désaffecté), Cali (Lubies sentimentales), Jeanne Cherhal (Mytilène Island), Christopher Board (Toboggan), Jean-François Péculier ( Stratégie de l’inespoir),… et ferme le ban avec une reprise du Father & Son de Cat Stevens en français !
La pochette nous montre HFT en noir et blanc, les yeux bandés comme en attente de sa propre exécution ou les yeux bandés comme pour mieux ausculter son intériorité, fouiller le passé. Force est de constater que cet album parle souvent du temps qui passe qui le pousse à fouiller sa mémoire pour comprendre le présent.
Pour ceux qui ont vu la tournée « VIXI Tour XVII » qui a suivi cet album, il chante « Des adieux » comme dernier morceau tiré de l’album « La tentation du bonheur ». Je ne peux m’y résoudre, sachant qu’un album est resté dans les tiroirs après le pétage de plomb de Scandale mélancolique « Itinéraire D’un Naufragé »…
Bien on va écouter, ce dernier album à ce jour :
On commence avec le ténébreux « En remontant le fleuve » qui comme le Styx est le point de passage des enfers. Avec ce titre magnétique à l’ambiance ténébreuse, HFT nous emmène vers les limbes. Envoûtant.
On enchaîne sur un folk avec « Angelus » qui se transforme rapidement en rock avec une magnifique montée en demi ton d’Hubert sur « Au bras de la première beauté vierge tombée des cieux ». Ce titre est un cauchemar d’enfant pris au piège de la pédophilie séminariste. Autobiographique ?
La ballade nostalgique et angélique « Fenêtre sur désert » aurait pu s’appeler baisers volés, mais c’eut été trop simple d’intituler la mélancolie des souvenirs amoureux de cette manière.
Avec « Stratégie de l’inespoir », c’est comme un regard sur sa vie amoureuse que nous chante HFT avec un certain réalisme « d’aucuns me disent rebelle et d’autres ignifugé, mais mes divagations n’ emmerdent plus personne »… Réaliste.
Puis la lourde ballade dans les ruines assassines du rêve communiste avec « Karaganda (Camp 99) » qui rend hommage aux prisonniers du goulag qui n’ont pas eut le soutien d’Aragon, d’Elsa Triolet et de Sartre qui ont préféré se bander les yeux devant le fratricide Russe. Engagé volontaire.
Hommage à la sensualité des femmes entres elles sur la « Mytilène Island » qui se caressent en ignorant les hommes. Le lyrisme des violons joue sur la douceur des lesbos. Fantasme pour tous.
Sur « Résilience zéro », Thiéfaine nous chante ses tourments d’enfance à l’école, les instituteurs semblent de la même veine que les séminaristes. Autobiographique ?
Hubert Félix laisse sa voix se moduler sur « Lubies sentimentales », comme une mélodie qui suit le rythme des paroles suaves. Entre désir et amour.
Sur « Amour désaffecté », on chevauche sur les cendres de l’amour. Lignes de voix osées.
Avec « Médiocratie » on surfe une ballade rock contre l’humain esclave de la course au progrès. Net ou pas net, telle est la question…
Sur la pop rock entrainante « Retour à Célingrad » les guitares crissent sur Stalingrad comme sur le romancier fasciste Céline. Hommage ?
Ce n’est pas encore la fin mais presque avec le vague à l’âme de la ballade mortuaire du « Toboggan ». Thiéfaine jette un regard derrière lui avant de prendre sa dernière ligne droite. «Futur qui se rétrécit».
Surprise, une reprise de Cat Stevens d’un morceau que j’ai beaucoup chanté « Père et fils » en français dans le texte. Bonus rare.
Si l’ambiance est obscure, le style sombre adopté depuis « Scandale mélancolique » se confirme comme une chape de plomb sur l’ensemble des chansons.
L’album est une incontestable réussite en ce qui concerne les textes et les compositions qui alternent rock rugueux et ballade rock.
De plus, les prise de voix que l’on avait entendue sur « Suppléments de mensonge » se confirment sur cet album. Hé oui, Thiéfaine est non seulement un superbe interprète mais aussi un vrai chanteur.
Merci Thiéfaine et reviens nous avant qu’il ne soit trop tard, on a encore besoin de toi, de ton talent, de tes délires, de tes textes, de ta présence…
Bon on écoute « En remontant le fleuve »
et puis après
Angelus
Duo Arman Méliès & Hubert-Félix Thiéfaine – Fenêtre Sur Désert
Stratégie de l’inespoir
Karaganda (Camp 99) (Live symphonique 2015)
Résilience zéro
Amour désaffecté
Médiocratie
Discographie de Hubert Félix Thiéfaine
Albums studio
1978 : …tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s’émouvoir..
1979 : Autorisation de délirer
1980 : De l’amour, de l’art ou du cochon
1981 : Dernières balises (avant mutation)
1982 : Soleil cherche futur
1984 : Alambic / Sortie Sud
1986 : Météo für nada
1988 : Eros über alles
1990 : Chroniques bluesymentales
1993 : Fragments d’hébétude
1996 : La Tentation du bonheur
1998 : Le Bonheur de la tentation
2001 : Défloration 13
2005 : Scandale mélancolique
2007 : Amicalement blues (en collaboration avec Paul Personne
2011 : Suppléments de mensonge
2014 : Stratégie de l’inespoir
Albums en public
1983 : En concert
1986 : En concert vol.2
1988 : Routes 88
1995 : Paris-Zénith
1999 : En concert à Bercy
2002 : Au Bataclan
2007 : Scandale mélancolique tour
2012 : Homo plebis ultimae tour
2015 : Live à la Maison de la Poésie (Scène littéraire)
2016 : VIXI Tour XVII
Vidéographie
1992 : Bluesymental tour
1995 : Paris Zénith
1999 : En concert à Bercy
2007 : Scandale mélancolique tour
2012 : Homo plebis ultimae tour
2016 : VIXI Tour XVII
Récompenses
1996 : Prix de l’académie Charles-Cros
2011 : Grand prix de la chanson française de la SACEM
2012 : Victoire de la musique de l’album de chansons
2012 : Victoire de la musique de l’artiste interprète masculin de l’année
2015 : Prix de l’académie Charles-Cros
Documentaires
2005 : Sur les traces d’Hubert-Félix Thiéfaine de François Bombard, France 3 Bourgogne
2012 : Galaxie Thiéfaine : Supplément d’âme… de Dominique Debaralle et Michel Buzon, France 3 Franche-Comté
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