À François Mitterrand qui lui demandait un jour ce qu’il faisait ces temps çi, Bernard Lavilliers répondit qu’il chantait pour des « Causes Perdues et Musiques Tropicales ».
C’est donc sur cette répartie que Lavilliers nous offre ce très bel album World et toujours engagé.
Et tenez vous bien, c’est après 40 ans de carrière, qu’il obtient enfin sa première Victoire de la Musique. Rien ne sert de courir, il suffisait de 11 titres pendant 41 minutes pour sortir cet album latinostalgique.
Bernard ouvre sur un chef d’oeuvre déchirant et majestueux avec « Angola », en duo avec la star angolaise Bonga, accompagné par deux guitares électriques, une contrebasse et les percussions.
On enchaîne sur un déhanché de swing latino avec « L’Exilé » qui fait danser la révolte des immigrés.
La magnifique salsa de « Causes Perdues » se mêle aux volutes des havanes dans les bars portoricains de Manhattan avec le Spanish orchestra. New York, New York !
On fonce sur un funk vintage de cuivres et de cordes à Brooklyn avec « Je Cours » comme une chevauchée frénétique et entraînante à l’endurance. Ereintant !
La mazurka antillaise et nostalgique de « Sourire En Coin » nous parle d’une histoire qui n’en est pas une ou pas…
La mélodie du bandonéon nous emmène sur les chemins du tango avec « Possession » d’un amour tragique. Les histoires d’A finissent toujours mal…
« La Nuit nous appartient » même s’il elle est maussade, mélancolique, nostalgique…
Sur la passionnée « Coupeurs De Cannes », la tragédie ardente s’enflamme au milieu du carnaval.
Sur le rock d’« Identité Nationale », nanard nous chante y’en a marre, comme un poing levé sur l’international.
Si toi aussi t’en à marre, largue les amarres pour t’échouer sur « La Côte Des Squelettes » en Namibie, au sud de l’Angola…
Avec le Spanish Harlem Orchestra à New York, on navigue de bar en bar latino pour noyer son « Cafard ».
A 64 ans, Bernard nous dépeint de sa voix chaude et enveloppante, une société obscure mais sans user des maux de donneur de leçon d’antan.
Avec cet album en noir et blanc à coloration multiple, notre ambassadeur des cultures nous fait goûter ses aventures musicales avec réussite.
Laissez vous aller dans le blues africain d’Angola.
Paroles d’Angola par Bernard Lavilliers
Je connais qu’un seul endroit
Mais c’est pas fréquentable
Où l’on joue ce blues là
Aussi noir que le sable.
Mona mona muene
Kissueia ueza
Mona mona muene
Kalunga n’gumba.
Je connais qu’une seule voix
Qu’en est vraiment capable
C’est profond, plus fort que toi
Il n’est pas responsable.
Mona mona muene
Kissueia ueza
Mona mona muene
Kalunga n’gumba.
C’est le blues d’Angola
mineur et solitaire
qui nous vient de Luanda
c’est un chant de poussière.
Mona mona muene
Kissueia ueza
Mona mona muene
Kalunga n’gumba.
Fallait partir, laisser là
tes rêves et cette guerre
et l’or noir que tu n’as pas
pour tous ces mercenaires.
Qui ont du sang sur les mains
Jusqu’au bout de l’Enfer
Cours plus vite, ne dis rien
Sous cette pluie de fer.
Alukenu n’gondofua
N’ga mu binga kià – ué
Muene ondo kala beniaba
Eme n’gondoiame.
Mona mona muene
Kissueia ueza
Mona mona muene
Kalunga n’gumba.
Zambi uà n’gui bane oh mona
N’ga mu valele
Mona mona muene
Kalunga n’gumba.
Tu n’en parle jamais, toi
Toi mon ami, mon frère
Qui as tu perdu là-bas
Couché dans la poussière?
Mona mona muene
Kissueia ueza
Mona mona muene
Kalunga n’gumba.
Mona mona muene
Kissueia ueza
Mona mona muene
Kalunga n’gumba.
J’veux du sang pour 20 caras
Des diamants, des rivières…
Pétroliers du Panama
Vos dollars m’exaspèrent.
C’est le blues d’Angola
Mineur et solitaire
Qui nous vient de Luanda
C’est un chant de poussière.
Mona mona muene
Kissueia ueza
Mona mona muene
Kalunga n’gumba.
Angola vous a émerveillé, écoutez
L’Exilé
Causes Perdues
Je Cours
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